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24 heures au Festival 2004 d'Avignon

Juillet 2004
De passage durant 24 heures à Avignon pour couvrir une pièce de théâtre, j'ai tenté de donner un aperçu de l'atmosphère de la ville en cette époque, telle que je la percevais.
En "homme d'images" c'est uniquement le côté visuel que j'ai voulu transmettre ici,
beaucoup plus que que l'aspect "culturel".

Cette visite est ici déclinée en cinq pages

Les affiches du Festival 2004 d'Avignon - © Norbert Pousseur
Les Affiches
Les artistes de rue du Festival 2004 d'Avignon - © Norbert Pousseur
Les Artistes
Les coulisses du Festival 2004 d'Avignon - © Norbert Pousseur
Les Coulisses
Les oubliées  d'Avignon - © Norbert Pousseur
Les Oubliées
Les rues du Festival 2004 d'Avignon - © Norbert Pousseur
Les Rues

 

 

 


Festival 2000 d'Avignon Vers Avignon vers 1850, sur de mes autres sites

Et aussi le site de la : Mairie d'Avignon

 

Avignon (in dictionnaire d'ivigné de 1663) ville très-ancienne, belle & riche, dite des Latins Avenio, capitale de la contrée, portant même nom, sise sur le rivage du Rhosne : Elle fut confisquée, avec tout le Comté de Venissi, au Saint Siège, sur Raymond Comte de Thoulouse, protecteur de l'hérésie Albigeoise, depuis Jeanne Reine de Naple & Comtesse de Povence, fille de Robert Roy de Sicile, la vendit à perpétuité aux Papes de Rome, lesquels y vinrent tenir leur Siège environ l'an 1307, & y demeurèrent l'espace de 70 ans, depuis Clément V, jusqu'à Grégoire XI, qui fut le septième Pape d'Avignon, & qui remit le Saint Siège à Rome l'an 1375. Volater I2. Platin. Il y a plusieurs singularités qui la rende recommandable, comme le beau pont de vingt deux arcades, qui est sur le Rhosne, le Palais des anciens Papes, la Comté, & l'Archevèché : Elle contient en soy sept choses multipliées par elles-mêmes : savoir sept Palais, sept Portes, sept Hospitaux, sept Paroisses, sept Monastères de Dames, sept Collèges, sept Couvents, Saint Rufs, fils de Simon le Cyrénéen disciple de S. Paul, l'instruisit le premier en la Religion Chrestienne, laquelle elle a conservée inviolable jusqu'au temps de l'hérésie Albigeoise, du temps de Philippe Auguste ; dont pour ce son fils Louys VIII, fit razer les murs, combler ses fossés, & abattre les maisons des plus Grands & Puissants de cette ville ; mais depuis fut rétablie & embellie par les Papes ; Pétrarque & après luy Bocace, la décrivent sous le nom de Babylone.

 

Avignon et son pont vers 1885  - reproduction © Norbert Pousseur
Avignon et son pont vers 1885
Gravure extraite de "Histoire de France" de V. Canet - Desclée de Brouwer 1889

AVIGNON (extrait de la "Géographie Moderne", par l'abbé Nicolle de La Croix - 1777) sur le Rhône, archévêché, université. Cette ville est ancienne. Elle fut vendue en 1348 à Clément VI, par Jeannne, reine de Naples et. comtesse de Provence, pour la somme de 80 000 florins d'or. Les papes y avaient déjà fait leur résidence depuis Clément V, qui y transféra son siège en 1308 : et ce ne fut qu'en 1376 que Grégoire XI, son cinquième successeur, retourna à Rome. Avignon a des murailles bien bâties et garnies de tours : elle est le siège d'un vice-légat qui gouverne au nom du Saint Père. On y voit des monuments du séjour qu'y ont fait les papes, entr'autres, le palais papal, bâti par Jean XXII. Les chanoines de la cathédrale sont habillés de rouge comme les cardinaux. Il y a dans cette ville un tribunal de la Rote, une Inquisition, une synagogue pour les juifs, et un bureau des monnaies. Avignon fait un district à part , et n'est pas du Comtat Venaissin. Il y a plusieurs chapitres, plusieurs séminaires, un collège et un grand nombre d'autres communautés, la plupart riches. C'est près de cette ville que des pêcheurs trouvèrent dans le Rhône, en 1656, ce fameux bouclier d'argent, du poids de 42 marcs, où est représenté la mémorable action de L. Scipion, qui rendit une jeune princesse Espagnole, sa captive et d'un rare beauté, à un prince des Celtibériens à qui elle avait été promise. Ce bouclier est dans le cabinet du roi, avec un de la même forme et du même poids, trouvé en 1714 en Dauphiné ; c'est un ouvrage carthaginois, et on a lieu de croire qu'il avait été consacré par Annibal à quelque divinité du pays, à son partage du Rhône. Avignon est la patrie de M Genet, évêque de Vaison, auteur de la morale de Grenoble.

AVIGNON (extrait du  "Nouveau dictionnaire de la France et de ses colonies", par Briand de Verze -  1839) (Vaucluse Comtat-d'Avignon) grande, belle et très-anc. v., dans une sit. charmante, baignée par le Rhône et un canal tiré de la Sorgue, au milieu d'une plaine variée de terres labourables, de prairies, de vignes et de jardins couverts d'une immense quantité de mûriers, Préfecture, cour d'assises, trib. civ. et de commerce, conseil de prud'h., chambre, bourse et cercle de comm. Direction des contrib. directes, recette gén. des finances, payeur du dépt. Direction de l'enreg. et des dom. de 3e classe, conserv. des hypoth., bur. d'enreg. actes civ., idem actes jud. et dom. Direction des contrib. indir., recette et entrepôt des tabacs et poudres, bur. de garantie des mat. d'or et d'ar- gent. Ingén. en chef des ponts-et- chauss., 10 not., 11 avoués, 8 huiss. — Archev. érigé dans le 15e siècle, mais dont le siège était un évéché établi au commencem. du christianisme dans la Gaule, 4 cures, grand et petit sémin., coll. royal, école normale, éc. grat. de dessin, société d'agricult., société littér., bibl. publ., musée d'antiq., cab. d'hist. nat., jardin botaniq., salle de spect., pépinières, maison de santé pour les aliénés, maison succurs. de l'hôtel des Invalides, capit., lieut. et 2 brig. de gend., étape, bur. de poste. 31,785 hab.

Quoique généralem. bien bâtie, les rues sont étroites et mal percées, mais les quais sur le Rhône sont magnifiques. Les remparts, construits en superbes pierres de taille, sont les plus beaux et les mieux conservés de ceux qui existent dans tout le midi. Du haut de la plate-forme de l'anc. palais des papes, on jouit de la vue la plus agr. sur la ville et les riantes campagnes qui l'entourent, et sous ses pieds on voit le Rhône qui se divise en plusieurs bras tortueux, qui forment un grand nombre d'isles couvertes d'arbres de la plus belle verdure ; il semble que ce soient plusieurs rivières qui se réunissent et se séparent pour se rejoindre encore. On embrasse toute l'étendue de la ville, sans exception des quais ni des promenades, qui, dans les jours de fêtes, sont animées par une quantité considér. de monde et la gaieté des danses de la Provence. Les remparts sont bordés de créneaux, flanqués de tours carrées de distance en distance, et percés de sept belles portes, qui portent le nom de St-Michel, d'Imbert, de St-lazare, de la Ligne, du Rhône, de l'Oule et de St-Boch. De belles allées d'arbres plantés autour des remparts, d'une lieue de circonférence, offrent d'agréables promenades. La ville est nue extérieurement, et n'a aucun faubourg. L'origine d'Avignon remonte à une haute antiquité. Avant la domination romaine, c'était la .capitale des Cavares. Elle fit partie de l'empire Romain environ 100 ans avant notre ère. Elle passa ensuite successivement Sous la domination des Goths, dès Bourguignons , des Ostrogoths et des rois d'Austrasie. Assiégée sans succès par Clovis, elle fut regardée. comme le boulvard de la Provence. ...

... Le séjour des papes contribua beaucoup à l'agrandissement et à l'embellissement d'Avignon, qui se peupla surtout de moines, de nonnes et de pénitents de toutes les couleurs ; la moitié de la ville se couvrit d'établissements religieux , et avant la révolution de 1789, on y comptait 8 collégiales, 20 couvents d'hommes, 15 de filles 10 hôpitaux, 7 confréries de Pénitents, 3 séminaires, 60 églises, une commanderie de Malte, etc. ; plus d'un tiers de la population s'occupait à prier Dieu, et on entendait chaque jour sonner environ 300 cloches.

On prétend que la foi fut portée à Avignon par St-Marthe, sœur de Lazare et de Marie-Madelaine.
L'église métropolitaine, sous l'invoc. de Notre-Dame-des-Dons, est un édifice antique construit sur les débris d'un temple païen ; elle est sur le sommet du rocher des Dons, et on y monte de la ville par des rampes et par un long escalier couronné d'un Calvaire. La façade, d'une architect. noble, ornée de griffons et de guirlandes, a été bâtie sous le pape Paul V.
La chapelle de la Résurrection, bâtie par l'archevêque Libelli, en l'an 1680, est un chef-d'œuvre de sculpture. Les papes officiaient dans cette église. Innocent VI, Urbain V et Grégoire XI, y furent sacrés. On y voit le mausolée de Jean XXII, ainsi que la tombe du brave Grillon et de sa famille.
On rem. dans l'égl. St-Agricole, petite et sans apparence extér., le tombeau de Mignard, la jolie chapelle de la famille Bianco de Florence, et un bénitier.
L'église Saint-Pierre, rebâtie en l'an 1358, et la façade en 1512, est d'une belle architecture gothiq. ; elle se distingue par les anc. décorations dont elle est surchargée, et la chaire, en pierre blanche, passe pour un chef-d'œuvre de sculpture. Le Saint-Sépulcre appartient au 14e siècle.
Les ornem. attachés à la voûte de l'église Saint-Martial, donnent une idée de l'état des arts et des mœurs dans chaque siècle. Le clocher et la partie extérieure du chœur sont particulièrement remarquables.
L'hôlel-de-ville, de construction irrégulière, est surmonté d'un beffroi qui était la principale tour du palais Colonne, et remarquable par ses voûtes inférieures. Les anc. décorations et les peintures des salles de la mairie et du conseil, méritent de fixer l'attention.
Le palais des papes, situé sur le penchant méridional du rocher des Dons, fut bâti dans le 14e siècle par les pontifes qui y résidèrent. Sa grandeur, son élévation, sa majesté imposante, ses tours, l'épaisseur de ses murs, ses créneaux, ses ogives, cette architecture sans suite et sans régularité, étonnent le spectateur. Dans son enceinte, où tant de princes abaissèrent leurs sceptres devant la tiare, on ne trouve plus que des murs à moitié démolis, des passages sombres, des enclos spacieux, de vastes casernes et des prisons. Dans l'intérieur, on rem. encore la hauteur des salles, leur architecture gothique, les nombreuses voûtes portées les unes au-dessus des autres, et ornées de belles et vives peintures à demi-effacées.
L'ancien hôtel des monnaies, situé vis-à-vis du palais des papes, est maintenant une caserne pour la gendarmerie. C'est un vaste quadrilatère décoré de devises et couronné d'un balcon qui porte quatre aigles en pierre.
L'hôtel des Invalides, qui occupe les locaux du ci-devant séminaire de Saint-Charles , des Célestins et du couvent de Saint-Louis , est rem. par ses salles spacieuses et bien éclairées, la comodité des chambres, la largeur des corridors bien aérés, la propreté qui y règne et la bonne tenue des militaires. La grande cour carrée, plantée d'arbres, est bordée de hautes murailles. L'église est fort belle et très-ornée. Le jardin, ouvert au public, est étonnant pour la beauté de ses vieux ormeaux et la longueur de ses avenues.
L'Hôtel-Dieu , fondé en 1353 , sous le titre de St-Marthe, par Bernard de Roscas, mais dont la façade est moderne , d'une grande étendue et très-ornée, est entouré de spacieux jardins ; les salles sont vastes, commodes, propres et bien aérées.
On rem. encore à Avignon l'église du Collège, la chapelle de l'Oratoire, le palais de l'archevêché, les hôtels Crillon et Deleutre, la salle de spectacle, le jardin botanique, les casernes, le mont-de-piété, l'hospice des aliénés , etc., etc.
C'est dans cette ville que le 2 août 1815, le général Brune fut assassiné. Son corps, précipité dans le Rhône, fut poussé sur la grève entre Tarascon et Arles , où il fut recueilli et rendu à sa famille.
Patrie du brave Crillon ; de Folard, commentateur de Polybe ; de la belle Laure, immortalisée par les vers de Pétrarque; de Joseph Vernet, Parrocel, cél. peintres ; du courageux Viala ; de Châteauneuf, homme de lettres; de l'abbé de Boulogne, év. de Troyes, l'un de nos plus fameux prédicateurs; du célèbre avocat Moureau ; de MM. Fortia d'Urban et Artaud, archéologues distingués, etc., etc. En général, cette v. a été de tout temps féconde en hommes célèbres, qui ont illustré leur patrie.. Elle a eu pareillement un grand nombre de femmes philosophes , célèbres par leur esprit, leur vertu et leur beauté..
Industrie. Maisons de banque, courtiers de commerce, dorure sur bois, porcelaine et cristaux fabr.  d'indiennes de FLorence, étoffes de soie , plomb de chasse, cordes d'instruments ; filature de soie et de coton, imprimeries, teintureries en soie, laine, coton ; tanneries, papeterie, fonderies de grelots, sonnettes et autres objets en cuivre, fonderie de caractères d'imprimerie et stéréotypie.
Commerce. Farines, grains et légumes dont Avignon est l'entrepôt pour le Bas-Dauphiné, la Provence et le Languedoc ; vins, eau-de-vie, garance, sumac, chardons, graine jaune , luzerne, denrées coloniales de  de toute es pèce , cuirs tannés  chevaux, mulets et bestiaux, Condition publique pour déterminer le poids réel de la soie.
Foires. 24 février, 6 mai, 14 sept., 3o nov.
Voit. publ. tous les jours pour Toulouse par Nismes,Montpellier, Narbonne et Carcassonne, idem pour Apt, Carpentras, Lyon, Lille, Manosque, Marseille, Paris, Tarascon et Toulon. Coche et bateau à vapeur pour Beaucaire.
Auberges. L'Europe, le Palais-Royal , Saint-Yves.

A 12 l. O. d'Apt, 6 S.O de Carpantras, 6 l/2 S. d'Orange, 15 E. N. E. de Nismes, 27 N.O. de Mar-seille, 30 O. de Digne, 23  S. de Privas, 28 S. de Valence, 60 S. de Lyon, 179 l/2 S.E. de Paris, Longitude E. 2°28.15. Latitude S. 43°57.8.

Relais.  R. de Lyon à Marseille ; ven. de Sorgues 1 p. l/2, all. à Saint-Andiol 2 p. l/4 R. d'Avignon à Arles ; all. à Tarascon 2 p. 3/4  d'Avignon à
Toulouse all. à la Bégude-de-Saze 1 p. 3/4.

gravure d'Avignon vers 1880 - reproduction © Norbert Pousseur
Avignon vers 1880
Gravure extraite de "Notre belle patrie" de Jules Monnier - Hachette 1888

 

(in "Notre belle patrie" de Jules Monnier - Hachette 1888) Avignon, « la ville des Papes », n'a pas cessé de mériter cette dénomination. Si elle n'est plus la métropole du monde catholique, elle a gardé sa physionomie à la fois ecclésiastique et guerrière. Son enceinte de murailles aux trente-neuf tours, la masse énorme du vieux palais papal, de nombreux clochers, les « bourguets » ou tourelles rappelant le règne d'une bourgeoisie puissante, perpétuent la vision d'un mondé disparu. Les remparts en effet, commencés par Clément VI et achevés par Urbain V, subsistent encore sur presque toute leur étendue. Ces belles murailles, spécimen complet de la fortification du quatorzième siècle dans le midi de la France, étaient percées de sept portes protégées par des châtelets. Malheureusement le comblement des fossés leur a fait perdre de leur caractère imposant.
Mais il n'en est pas ainsi du palais des Papes, l'une des constructions les plus immenses, les plus complètes et les plus étonnantes du moyen âge. Ce colossal édifice du style gothique, masse sinistre ressemblant plutôt à un formidable repaire de seigneur féodal qu'à la demeure du vicaire d'un Dieu de paix, est un type achevé de l'architecture militaire du quatorzième siècle, avec ses murailles massives, festonnées de mâchicoulis et percées de meurtrières, ses tours menaçantes, ses souterrains et ses couloirs mystérieux. « Rien de curieux à visiter comme cet édifice étrange, dit M. de Laincel, et sans équivalent dans le monde entier; moitié palais ou monastère, moitié forteresse féodale, le tout dans de formidables proportions : c'est un labyrinthe immense où se perd l'imagination. Par de longs corridors voûtés qui ont l'allure de cloîtres, tantôt on arrive à des appartements vastes, somptueux, dignes d'un souverain, tantôt à des salles d'armes, tantôt à une chapelle grande comme une cathédrale. On se fatigue à monter par les escaliers en colimaçon, creusés dans les murs, sinueux, faiblement éclairés par des meurtrières. Le style ogival prend des allures bizarres dans ces constructions gigantesques; il semble qu'on a voulu donner aux fenêtres la forme des mitres pontificales; la sévérité y est à peine tempérée par le génie. »
Ici la nature semble avoir inspiré l'architecte. Les proportions du monument sont dignes du rocher des Doms, qui lui sert de base. Cette « énorme masse de calcaire à veines de spalt, sur laquelle s'élevait la ville gallo-grecque », est plus basse du côté de la ville qu'au bord du fleuve, sur lequel il s'avance comme un coin gigantesque. Un gracieux jardin recouvre aujourd'hui la cime aride de ce roc, portant la statue du Persan Althen, qui, en 1766, propagea dans le Comtal la culture de la garance, si délaissée de nos jours. Du haut du rocher des Doms se déroule un des plus beaux panoramas de la France : au milieu des vastes plaines du Comtat, plantées d'oliviers et de mûriers, on voit serpenter à perte de vue les amples et brillants méandres du Rhône, entourant l'île de la Barthelasse, bordée de peupliers et de saules, tandis que la masse imposante du mont Ventoux se découpe sur un horizon de hautes montagnes bleuâtres. Plus près, sur l'autre rive, apparaît Villeneuve, aux ruines imposantes, qui du temps des papes se peupla de monastères, de monuments et d'hôtels princiers. Cette ville communiquait avec Avignon par un pont célèbre, aujourd'hui à moitié ruiné, que construisit, au douzième siècle, à la suite d'un avertissement céleste, un jeune berger du Vivarais, saint Benezet, aidé d'un certain nombre de disciples, au moyen des aumônes des fidèles. Sur la deuxième pile du pont subsiste une chapelle dans laquelle avait été inhumé le saint fondateur.

Pont Saint Benezet à Avignon  - reproduction © Norbert Pousseur
Reproduction photographique aquarellée éditée par L. Boulanger (1880 ou 1920 ? )
Le pont de Saint Benezet d'Avignon (ou "pont d'Avignon" )


Sur le rocher, à côté du palais des Papes, s'élève l'église métropolitaine de Notre-Dame des Doms, fondée, dit-on, par sainte Marthe sur l'emplacement d'un temple païen. L'an 75 de notre ère, suivant la légende, après le martyre de saint Etienne, Marthe, Marie-Madeleine, Lazare et Calrcidonius, chassés par les Juifs, vinrent aborder en Provence après une traversée orageuse. « Un coup de vent impétueux, sur la mer effrayante, chassait le bateau : Martial et Saturnin sont agenouillés sur la poupe; pensif, dans son manteau, le vieux Trophime s'enveloppe; auprès de lui était assis l'évêque Maximin. Debout sur le tillac, ce Lazare qui de la tombe et du suaire avait encore gardé la mortelle pâleur, semble affronter le gouffre qui gronde ; avec lui la nef perdue emmène Marthe, sa sœur, et Madeleine, couchée en un coin et pleurant sa douleur. La nef, que poussent les démons, conduit Eutrope, conduit Sidoine, Joseph d'Arimathie et Marcelle, et Cléon, et, appuyés sur les tolets, au silence du royaume bleu, ils faisaient ouïr le chant des psaumes. » (Frédéric Mistral, Mireïo.)
Dans cette église furent intronisés les papes Innocent VI, Urbain V et Grégoire XI. C'est sur le rocher des Doms que souffle avec le plus de violence ce vent terrible qu'on appelle le « mistraou » ou mistral. Parfois sa fougue est si terrible qu'il soulève les pierres, arrache les arbres, enlève les toits et démolit même les édifices. Descendu des Cévennes, ce vent se mêle, en arrivant en Provence, au vent du Nord, qui souffle dans le bassin du Rhône. Pourtant ce n'est pas un véritable fléau, car il purifie l'atmosphère, dissipe les brouillards et sèche les cultures qui souffrent d'un excès d'humidité..
Sainte Marthe, vénérée par les Avignonnais, l'est moins que leur patron Agricol, dont une église porte le nom. On lui attribue plusieurs miracles, notamment celui des Cigognes. Au cours d'une contestation survenue, au sujet de limites, entre les consuls et le chapitre de Saint-Agricol, les parties virent tout à coup apparaître deux cigognes qui tracèrent avec leurs becs le périmètre qui faisait l'objet du litige.
Avant la conquête romaine, Avignon était l'une des cités les plus importantes du midi de la France. Cette suprématie, elle la conserva jusqu'au treizième siècle, malgré les sièges, malgré les invasions des Bourguignons, des Francs, des Visigoths, des Sarrasins. Au douzième siècle elle se constitua en commune indépendante, nommant ses consuls, faisant ses lois, traitant d'égale à égale avec les autres républiques de la Provence et de l'Italie. Le chef suprême portait le nom de « podestat » ; il était généralement choisi parmi les grands seigneurs étrangers, qui prêtaient serment entre les mains de l'évêque.
Mais Avignon fut l'auteur de sa propre déchéance en se déclarant pour les Albigeois dans la guerre religieuse qui désola le Midi. Prise et démantelée par le roi Louis VIII (1226), elle retomba en 1251 sous le joug des comtes de Provence. Au milieu des guerres qui divisaient l'Italie, Clément V, par suite d'un traité conclu avec Philippe le Bel, transféra en 1305 le Saint-Siège à Avignon, que Jeanne de Naples vendit en 1348 au pape Clément VI. Sept pontifes et deux antipapes se succédèrent dans cette nouvelle Rome. C'est de leur séjour que datent pour la ville ses principaux établissements religieux et ses grands édifices Boniface VIII y avait fondé une Université, où le célèbre philosophe Gassendi prit le bonnet de docleur, et qui ne fut supprimée qu'en 1790. Jusqu'à cette époque les papes restèrent possesseurs de la belle cité, qui continua de se couvrir de monastères, dont les cloches innombrables lui méritèrent le surnom d'« Ile Sonnante » que lui donna Rabelais.
Aujourd'hui Avignon est une ville agricole et industrielle, s'occupant surtout du travail des soies. Mais les œuvres de l'intelligence y sont en grand honneur ; son musée Calvet est célèbre dans le monde des artistes, et la société littéraire des « Félibres » y a de dignes représentants.

 

 

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